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Raccommoder, repriser, rapiécer : une tendance moderne et artistique

Réparer ses vêtements fut longtemps un signe de pauvreté. Aujourd’hui, cette pratique est en croissance ; elle marque les économies financières, la conscience écologique et développe une créativité surprenante. Les techniques d’autrefois, apprises à l’école ou en famille, redeviennent “à la mode”. C’est à la portée de tous ; tout le monde peut apprendre à réparer ses vêtements avec un fil et une aiguille. C’est même devenu un art du fil, à part entière.

Un peu d’histoire

Raccommoder ses vêtements étaient la normalité au début du XXème siècle et plus particulièrement au moment de la seconde guerre mondial. Avant l’ère du prêt à porter et de la fast fashion, les familles achetaient des coupons de tissus ou des fils de laine pour confectionner eux-mêmes leurs vêtements. La plupart des gens avaient peu de tenues et en prenaient véritablement soin. A cette époque, 75% des vêtements étaient cousus à la maison. Cette dépense représentait 15% du budget familiale (Aujourd’hui, c’est moins de 4% !). Vu l’importance du coût financier, il était nécessaire de les conserver le plus longtemps possible. La réparation était un art, notamment pour dissimuler un trou, une tache ou transformer un vêtement abimé.

Dans les années 50, le prêt à porter se développe avec des tailles standards et la production de vêtements à la chaine. Avec le développement de la “fast fashion”, fin des 90’s, le vêtement s’achète, se porte et se jette ! Partout dans la monde, nous envoyons des tonnes de vêtements dans les décharges, chaque année. Rien qu’en Europe, cela représente 4 millions de tonnes de textiles jetées et détruites, par an. Au niveau mondial, cela représente une benne de vêtements jetée chaque seconde… Ces chiffres sont effarants !

Visible mending, réparation visible, réparation créative…

Une nouvelle tendance émerge, notamment dans les pays anglo-saxons. Il s’agit du “visible mending”, la réparation visible. Un pantalon déchiré ? Un pull troué ? Ne les jetez plus. Désormais, les vêtements sont réparés en utilisant les techniques de raccommodage, mais surtout en les rendant visuel. Le vêtement initial est transformé en un vêtement stylé. Certains parlent de réparation créative. La créativité s’approche de plus en plus de l’art. Alors, nous préférerons employer le terme de “Réparation artistique”. Avec ce concept moderne, vous donnez à vos vêtements préférés, mais un peu abîmés par le temps, un supplément d’âme. “La réparation artistique” permet de lutter efficacement contre l’obsolescence programmée de nos vêtements. N’abandonnez plus vos vêtements abimés. !

La “réparation artistique” est une réparation qui embellit le vêtement grâce à des techniques de couture et de broderies, réalisées avec des fils colorés. Elle pourrait s’apparenter à l’upcycling qui s’oppose au dérives de la “fast fashion”. La “réparation artistique” est une pratique aussi esthétique et créative que militante. Vos vieilles chaussettes trouées , pull abimés ou leggings déchirés ne vont plus dans le bac de recyclage. Désormais, vous pouvez les transformer en une pièce de mode unique et concoctée par vos soins. Désormais, “raccommoder” apparait comme un acte de résistance, face à la surconsommation et jetable même dans un bac de recyclage !

Les techniques au service de la réparation artistique

Outre les techniques que nous allons développer, il s’agit de réparer de manière ludique et esthétique. L’objectif n’est pas de coudre ou broder à la perfection, comme le feraient de vrais professionnels, mais plutôt de laisser libre cours à votre imagination afin que vos “nouveaux” vêtements soient à votre goût.

Il existe de très nombreuses techniques pour réparer un vêtement avec la “réparation artistique”. Pour l’exemple, nous pouvons :

  • Placer un patch sous une déchirure et le fixer grâce à des coutures apparentes , une des astuces les plus connues,
    • Superposer des tissus et les découper pour laisser apparaître les couches inférieures, comme la technique du mola, provenant des amérindiens Kuna originaires du Panama,
    • Broder en utilisant le point droit du sashiko, technique provenant du Japon,
    • Combler un trou en créant un effet patchwork ou vous broderez des mots doux sur la déchirure d’un de vos tee-shirts,
      • Raccommoder avec un mini métier à tisser provenant d’Ukraine ou de Norvège.

La réparabilité des vêtements de qualité

Le bon vêtement, c’est celui qui nous suit au quotidien, qui constitue la base de notre armoire ! C’est celui que l’on renouvelle avec confiance lorsqu’il a fait ses preuves. Pourtant, nous continuons à acheter des vêtements, à des prix toujours plus bas. Ces prix bas entrainent une faible qualité et donc une utilisation de plus en plus réduite. Nous sommes en pleine contradiction ! C’est pourquoi, si l’on veut porter longtemps nos vêtements et pouvoir les réparer facilement, il est important d’investir dans de belles pièces de qualité, produites dans de bonnes conditions humaines et environnementales.

“Achetez moins, choisissez bien, faites que ça dure” martèle la créatrice britannique, Vivianne Westwood, pionnière de la mode durable.

En créant des ateliers dédiés, la maison des arts du fil incite à réparer, à faire un ourlet, à coudre un bouton, à broder pour cacher une tache, à tisser pour camoufler un trou. Le principe est d’essayer en prenant un fil et une aiguille.

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L’impact de mes vêtements sur l’environnement

Nos vêtements font partie de notre vie. Chaque période, chaque culture, chaque partie du monde a ses propres codes vestimentaires.

Leur fabrication nécessite beaucoup d’étapes : la fabrication des matières, la transformation en fil, le tricotage ou le tissage, la confection, la teinture et les finitions. Souvent, nos vêtements ont voyagé plus que nous… Et tout cela a un impact sur notre environnement.

Les marques quant à elles choisissent leurs fabricants et fournisseurs, élaborent leurs collections, choisissent comment distribuer leurs produits. Puis le consommateur achète, entretient et conserve ou se défait de ses vêtements.

Pourtant, en réalisant de petits pas comme le raccommodage, la reprise, la transformation des vêtements, nous pouvons aller vers un mode de consommation plus sobre et respectueux de l’environnement.

Aujourd’hui, l’industrie du textile est l’une des plus polluantes au monde.

Jusqu’à 4 milliards de tonnes de CO2. C’est la quantité mondiale de tonnes de gaz à effet de serre émise par l’industrie textile chaque année pour les vêtements et les chaussures. Son impact est plus important que les vols internationaux et le trafic maritime réunis.

  • 40 % de vêtements achetés en plus par an par rapport à il y a 15 ans. Leur utilisation a réduit de 1/3 par rapport à il y a 15 ans (source Ellen Mac Arthur A new textile économie)
  • 285 douches. C’est l’équivalent du volume d’eau nécessaire à la fabrication d’un jean, soit en moyenne 9 000 litres.
  • L’industrie textile est responsable de 20 % de la pollution des eaux industrielles.
  • Chaque français achète environ 9,5 kg de vêtements, chaussures et linge de maison par an.
  • 240 000. C’est la quantité mondiale, en tonnes, de microparticules de plastique relâchées dans les océans chaque année dans le monde générées par l’entretien de nos vêtements synthétiques.
  • 70 % des fibres synthétiques produites dans le monde proviennent du pétrole.
    • Aujourd’hui, moins de 1 % des tissus qui composent nos vêtements sont recyclés pour en faire de nouveaux.

L’industrie textile à un impact environnemental lourd qui s’aggrave avec le phénomène fast/ultra fast fashion. Sans toujours nous en rendre compte, nous achetons et accumulons des tas de vêtements et textiles, dont beaucoup ne sont jamais utilisés. Nombreux sont les textiles qui sont abandonnés, jetés ou détruits sans pouvoir être valorisés, réemployés, réutilisés et recyclés.

On parle beaucoup des chiffres du gaspillage alimentaire et pourtant, ceux de la mode et du textile sont tout aussi alarmant ! C’est pourquoi, en 2022, la Semaine Européenne de la Réduction des déchets s’engage en faveur d’un secteur textile circulaire et responsable.

Réduire notre consommation en achetant que les vêtements et en s’interroger sur ce qui est vraiment utile, faire le tri dans nos armoires en prenant conscience de ce que l’on possède, et prolonger la durée de vie de vos vêtements, en racommandant, reprisant ou transformant, ce sont les premiers pas vers un modèle de consommation plus sobre et écologique de la mode. La Maison des arts du fil vous accompagne dans ces changements, en proposant des ateliers.

  • Consommer moins mais mieux

Cela passe par la prise de conscience de ce que nous possédons déjà. Mais aussi en faisant le choix d’une meilleure consommation grâce aux étiquettes qui nous guident, grâce à des labels comme l’Ecolabel européen, en privilégiant des vêtements de qualité qui vont durer plus longtemps, en choisissant des marques engagées qui n’incitent pas à la surconsommation, en se questionnant sur la performance environnementale des matières : matières synthétiques recyclées, matières naturelles de type lin, chanvre, coton biologique ou laine locale, matières artificielles. Les jeans bruts, non délavés ou avec des procédés de délavage moins consommateurs d’eau (laser, ozone) sont aussi à privilégier. Renseignez-vous également sur les pays de fabrication, en effet, les normes environnementales et sociales sont très différentes selon les régions du monde. 

  • Allonger la durée de vie des vêtements

Allonger la durée de vie grâce à la réparation, le raccommodage et le reprisage, mais aussi par des techniques comme le Sashiko mending, venu du Japon. Les ateliers créatifs sont nombreux à la Maison des arts du fil. Entretenir et nettoyer avec soin ses textiles permettra de les maintenir le plus longtemps possible. A savoir, il n’est pas nécessaire de laver son pull en laine après chaque utilisation. Opter pour la customisation, transformera des vêtements démodés en nouvelles pièces.

Pour aller plus loin, vous pouvez découvrir l’exposition LE REVERS de MON LOOK, conçue et réalisée par Universal Love et l’ADEME.